Eros et Picasso: Les dessins érotiques de Pablo Ruiz Picasso.

Toutes les œuvres © Succession Picasso

Comme tous les ans, pour le Réveillon, il s’est sorti une discussion bien fournie, de celles qui ont l’art de couper les convives en deux groupes et de les faire devenir aussi acharnés l’un contre l’autre que ne l’étaient les Jets contre les Sharks dans « West Side Story »…

Quelqu’un a affirmé que le nom de Pascal Obispo (un chanteur que je n’aime pas) était un pseudonyme choisi pour être l’anagramme de celui de Pablo Picasso.

Recherches accomplies, il n’en est rien.

Le barde s’appelle bien ainsi : son père, Max Obispo, fut un temps joueur dans l’équipe des Girondins de Bordeaux.

Que ce même père, par ailleurs peintre amateur, ait choisi le prénom de « Pascal » pour son fils afin de réussir cette anagramme reste une éventualité que je trouve pour ma part un peu tirée par les cheveux mais qui sait…

Le sujet de cette note n’est pas là de toute manière…

Je voulais, puisque j’ai mis en exergue de ce blog une citation de Picasso, parler de l’érotisme chez lui.

Une très belle exposition a déjà traité ce thème en réunissant l’ensemble des formes de son oeuvre il y a quelques années au Jeu de Paume.

L’Eros est en effet omniprésent chez Picasso.

Dans ses tableaux il est la plupart du temps, solaire, vital, lié à la représentation de celles qui furent les (nombreuses) femmes de sa vie.

Mais c’est un érotisme à deviner, à décrypter pour l’œil qui les regarde.

L’érotisme est, en revanche, explicite, dans tous ses dessins et il couvre l’espace de l’existence de l’artiste.

C’est à travers ces dessins que l’on peut le mieux avoir l’intuition du comment Picasso regarda mais surtout vécut, lui, l’Eros.

Jeune homme, il trouve son inspiration dans les soirées de sa jeunesse et les quartiers « mal famés » de Barcelone : les deux premiers dessins sont quasiment à classer dans le « journal intime » : Picasso se représente lui-même auprès d’une femme nue couchée (avant ou après l’amour) et il n’hésite pas non plus à « croquer » l’un de ses amis, Angel Fernandez de Soto, avec une dame galante. On est alors en 1902.

La facétie n’est pas absente de cette époque et l’artiste nous révèle en 1903 avec malice ce « Le phallus » qui se présente avec humour comme l’égal d’un Dieu à vénérer.

« Le couple » qui date de 1917 est déjà une œuvre parisienne. Elle est sans doute la plus parlante de toutes celles que j’ai choisi de mettre en valeur dans cette note.

« Le couple », ce n’est pas celui de futurs Bidochon(s) en devenir : c’est un érotisme fort, puissant, acrobatique qui témoigne de l’extrême sensualité ou de la sensualité de l'extrême.

Mais toujours ludique et festive : on le lit sur les visages.

Les dessins suivent le parcours pictural de Picasso : en 1933 ce « Minotaure caressant du mufle la main d’une dormeuse » a toute la tendresse que l’on retrouve dans les œuvres picturales majeures de cette même période.

La même année, « L’accouplement » est clairement marqué par l’influence cubiste du peintre.

Vers la fin de sa vie, il nous propose encore cette série (ici la XIIIème figure) de « Raphaël et la Fornarina » (thème souvent traité par les Classiques) qui a pour particularité chez Picasso de nous dévoiler un troisième personnage (un Pape) assistant aux ébats quasiment priapiques de Raphaël et de sa belle, voyeur dessiné dans les situations les plus insolites (même sur un pot sur l’une des autres figures de la série).

Est-ce alors l’aveu de l’âge que de montrer ce qui fut (Raphaël) et ce qui est (l’homme qui regarde) ?

Les dessins (gouaches, eaux-fortes etc.) érotiques de Picasso ?

Tous les Eros d’une vie d’homme.

Thèmes : Eros, art, Picasso, Pablo Ruiz Picasso, érotisme, dessins, croquis, périodes, peinture, cubisme