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L'Art d'Eros: Littératures, Pixels et Cie...
3 février 2008

Eros et Libertinage au XVIIIème siècle: Les Nuits de Paris de Rétif de la Bretonne.

Illustration d’un anonyme pour « Les Nuits de Paris » de Nicolas Rétif de la Bretonne © B.N.F.

Nicolas_Edme_Restif_de_la_Bretonne_Illustration_pour_Les_Nuits_de_Paris

L’Eros libertin qui se met en vitrine dans les clubs échangistes du XXIème siècle a-t-il quelque chose à envier à celui du XVIIIème?

Oui, à lire Crébillon.

Non, à lire certaines pages de Nicolas Rétif (ou Restif) de la Bretonne (lien Wikipédia), notamment ce « Les Nuits de Paris », écrit en 1788.

Mais attention ! Rétif est un personnage très ambigu.

S’il fut auteur licencieux par ailleurs, il publia aussi des ouvrages comme celui-ci qui lui valurent une réputation d’ « indic » de la police  de son temps…

Vingt-Quatrième nuit : La Nuit des Halles.

« J’allai voir les cabarets des Halles, dont j’avais beaucoup entendu parler. Je croyais y trouver des scènes frappantes. Je n’y vis que de la débauche : des gens qui fumaient ou qui dormaient ; des filles perdues crapuleuses avec des escrocs de billard ou d’académie qui se battaient ou se disaient des injures.

Quelques tristes libertins, qui étaient venus là croyant s’y divertir, et qui s’y ennuyaient.

J’allais me retirer, très mécontent de ce repaire du sale libertinage, autorisé pour les pourvoyeurs, qui ne s’en servent pas, lorsque j’aperçus une jeune blonde très jolie, qu’amenait une espèce de monstre femelle.

Elle lui offrit de l’eau-de-vie et je m’aperçus qu’elle voulait l’enivrer. Je bénis l’Etre suprême de me trouver là. La jeune fille ne put avaler l’eau-de-vie. Je m’approchai d’elle. Le monstre femelle me tint alors les propos les plus infâmes, en me faisant observer que c’était un objet tout neuf. La jeune fille s’efforçait d’être effrontée et ne pouvait y réussir. Je proposai de sortir. Ce qui fut accepté.

-Menez-nous chez vous, me dit le monstre. Je marchai, tenant la main de la jeune fille, et je pris le chemin de la rue Payenne, persuadé que j’allais faire un grand plaisir à la généreuse Marquise. Je ne me trompais point. Elle finissait es lettres quand je frappai. La femme de chambre parut au balcon. Je fis le signal, et l’on m’ouvrit. Je présentai la blonde à la Marquise, dans mon parloir. Car on se rappelle que je ne la voyais que par une grille, semblable à celle des religieuses.

J’avais laissé le monstre à la porte. On dressa un lit pour la jeune fille, dans le parloir même, et je sortis.  La vieille m’attendait.

-Fuyez, lui dis-je, où la Marquise de M****, qui demeure dans cet hôtel, va vous faire arrêter !

On n’imaginerait jamais avec quelle célérité le gros monstre s’échappa.[…] »

Pages 65 et 66 - Editions Folio Gallimard.



Thèmes : Eros, libertinage, libertins, XVIIIème siècle, littérature, Nicolas Rétif de la Bretonne, Restif de la Bretonne, Les Nuits de Paris, bordels, Les Halles.

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